12/01/2017

Citérama - Norman Symonds / Fred Stone Quintet (Disques KL - 1967)




Pavillon L'homme dans la cité Expo 67
Photo tiré du "Centre de paix de Montréal"

Parmi les nombreux pavillon de l'exposition universelle de Montréal en 1967, s'en trouvait un nommé "l'homme dans la cité".  À l'intérieur de celui-ci se trouvait trois exhibitions: "L'homme dans la cité", "La cité des solitudes" et "Citérama".  Les grandes lignes de ces trois exhibitions avaient été élaborés par Jacques Languirand.  L'artiste Germain Perron en avait exécuté les sculptures et décors.









La plus spectaculaire des exhibitions est sans doute Citérama.  Mon collègue Martin Lamontagne de la chaîne Youtube MTLTV a déniché un film promotionnelle qui avait été fait pour l'occasion.  Ça donne drôlement le goût d'y être.


En plus de ce film promotionnelle, un EP de Citérama avait été produit. C'est dire à quel point on y croyait.  Ce disque contenait deux pièces en tout. Une excellente du même nom (Citérama) avait été composé par Norman Symonds sous la direction d'orchestre de William McAuley.  On peut l'entendre tout au long du film d'ailleurs.  Elle mélange effet sonore et d'extraits musicaux.
Mais la pièce de résistance est la face 2: "Expo session '67" du Quintette de Fred Stone accompagné de Ada Lee au chant.  Fred Stone était un virtuose canadien anglais du Bugle (Flugelhorn).  Son jeu très rapide est assez facile à reconnaître une fois qu'on l'entends. Ce jeu lui a même fait joindre les rangs de l'orchestre de Duke Ellington trois ans plus tard (en 1970) comme en témoigne ce clip:



Revenons au disque. Sur la pièce "Expo session '67" on peut l'entendre improviser à son meilleur.   Sans parler de la chanteuse Ada Lee qui scat au son du bugle.  Les deux semblent se parler.  Aucun des autres membres du Quintette n'est identifié malheureusement mais on reconnaître un sax, une contrebasse, une batterie.
Fait étonnant, des extraits des deux pièces de ce EP avait été inclus sur l'album "L'homme dans la cité" sortit l'année même.  Ces extraits de Citérama sont selon moi les meilleurs moment de ce LP. 


Quelques mots sur la pochette; elle était l'oeuvre de Germain Perron également.  Lors d'une entrevue qu'il m'a accordé, il me disait qu'il était fan de BD à l'époque et que son inspiration était un peu le super héros américain Daredevil.  D'ailleurs une représentation de Daredevil pouvait être vu dans l'expo Citérama comme en témoigne la photo ci-dessous:


7/09/2017

Martine Lorraine / 45t (Disques Impérial - 1981)


Voici un 45t excellent des deux côtés.

En face A, on nous offre "L'amour c'est toi". Cette pièce à un quelque chose d'à la fois musique cubaine et 80's. Le style rappel un peu Gloria Estefan à une certaine époque avec ses percussions, son piano et ses cuivres. On peut aussi entendre des violons. Une excellente pièce dans un style "Latin 80's" rarement réussi aussi bien au Québec.

En face B, "Viens me chercher" une piece disco tardive et assez standard mais accrocheuse.  Les percussions et la basse sont plus rapide que sur la face A.  On remarque aussi un violons et des cuivres ce qui donne l'impression d'un orchestre disco mais version réduite.

C'est le seul 45t de Martine Lorraine que je recommanderais. En revanche, les deux côtés valent le détour.

5/02/2017

Ça fait longtemps - Louise Sauvé / 45t Les disques Son (1975)


Voici une curiosité dans le style Jazz/Funk Fusion que mon ami Ben m'a fait découvrir il y a quelque temps: Ça fait longtemps / Louise Sauvé.

Aucune date n'est indiqué mais de par mes recherches, la pièce daterait de fin 1975.  Le Son est non sans rappeler Quintonal, Zak ou Sloche à la même époque. On parle d'un Funk électro souvent associé aux années 1980; le synthétiseur est vraiment en avant plan. Que ce Son sorte en 1975 est vraiment étonnant et précoce.  On a affaire ici donc aux premiers balbutiements de ce style.   Il y a aussi une section cuivre, une batterie très rythmé et un choeur.  La musique semble avoir été la responsabilité de Luc Caron (arrangements); mais Jean Robitaille est crédité également à la composition. Caron a beaucoup travaillé pour d'autres artistes (Patrick Zabé, Véronique Béliveau, Natalie Simard) mais il n'a jamais eu de carrière solo à ce que je sache.

Louise Sauvé et son groupe auraient enregistrés trois 45t en tout. Celui-ci serait le dernier si on se fit au info pris sur Disc-o-logue:

Si tu veux / Louise Sauvé [10302] 09/05/1975
Québec Graffiti / Louise Sauvé [10305] ?/?/?
Ça fait longtemps / Louise Sauvé [10306] ?/?/?

La version instrumentale de "Ça fait longtemps" est de loin la meilleure des pièces que ce groupe  est produit selon moi.  C'est le seul 45t de ce groupe que je recommanderais.


Pour le reste des compo, rien d'aussi spectaculaire mais écoutons tout de même.




American Graffit / George Lucas (1973)



Peut-être devrais-je mentionner la pièce "Québec Graffiti".  Sans être particulièrement accrocheuse (selon mes goûts), cette pièce Rockabilly est tout de même intéressante d'un point de vue historique.  C'est une référence au film "American Graffiti" (1973) sortie deux ans avant. Ce film était le premier portrait nostalgique de la culture jeunesse des années 1950's début 60's. En effet, avant les émissions télé "Épopée Rock" (1984-90) et Happy Days (1974-84), il y avait eu le film "American Graffiti" en 1973. En écoutant les paroles de la pièce "Québec Graffiti" on peut constater une référence direct à cette époque au Québec.




La face B est "Quand tu dis" .  C'est une balade assez ordinaire.  Rien à rajouter.





Finalement la pièce "Si tu veux" et en face B. la version espagnol "Si tu Quieres".  Encore un fois une balade somme toute ordinaire. Mais ici l'utilisation créative du synthétiseur sauve peut-être la pièce.


3/07/2017

Psyquébélique présente: MUSIQUE TÉLÉPHONIQUE ... Québec 1973-80


Muzak, musique d'ascenseur, musique de centre d'achat, bruit de fond ... tels sont quelques épithètes souvent utilisés pour décrire la musique qu'on peut entendre lorsqu'on est mis en attente téléphonique. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce type de musique a généralement une connotation négative.

Psyquébélique vous propose de mettre de côté vos préjugés et plonger dans cet univers les oreilles grandes ouvertes.  


Marie-Élaine Roy, narratrice
Première des choses, je vous offre une entrevue avec une personne dont le métier est notamment d'être "narratrice téléphonique". Plusieurs d'entre vous allez reconnaître sa voix lorsque vous l'entendrez.  Il s'agit de Mme Marie-Élaine Roy de Oxygène Multimédia. Elle a prêté sa voix à: Hydro-Québec, Bombardier, MacDonald, Lise Watier Cosmétique, Université Laval, Le Gouvernement du Canada et j'en passe.

Lors de cet entretien, nous avons discutés entre autres de ses débuts, du quotidien d'une narratrice et de tout le travail qu'implique la création d'arborescence téléphonique. Je vais laisser notre entrevue parlez par elle même, mais je tiens à remercier Mme Roy pour sa générosité.


Écoutez l'entrevue:





Verso de pochette
Deuxièmement, je me suis posé la question: Si on me donnait pour mission, de voyager dans le temps (en l'an 1979) et de crée une playlist musicale pour un système d'attente téléphonique; qu'est-ce que ça donnerait comme résultat ?  

Après plusieurs mois de recherches et sans trop m'encombrer d'exactitude historique; ma playlist imaginaire s'est finalement cristallisée autour d'un certain Easy Listening libidineux québécois.  J'ai essayé de viser pour quelque chose dans l'esprit de "prélude à l'amour"; quelque part entre les balades d'Isaac Hayes et le thème de "La croisière s'amuse" (Love Boat). 

Vous entendrez tantôt un sax langoureux, tantôt des violons et parfois une guitare wah-wah. Tout ça accompagné de percussions très respectables; à mi-chemin entre les balades rythmées et le disco down-tempo. 








Plusieurs d'entre vous ne seront peut-être pas capable de supporter une aussi forte dose de fromage musical; mais, qui ne boudent pas son plaisir, se surprendra à fredonner certains de ces airs. 

BONUS !  Ma playlist, est accompagnée de la belle voix de Mme Marie-Élaine Roy.



MP3: Téléchargez la compilation ici

10/30/2016

Un amuse gueule pour l'Halloween (circa 1969)


Voici un petit amuse gueule pour l'Halloween. Psyquébélique vous offre ce 45t de Claude Steben datant de 1969.

En face 1 on retrouve "Dos à dos";  un monologue se déroulant dans un cimetière avec effets sonores somme toute réussi.  Je ne crois que ça aille été diffusé à la radio et/ou en dehors du contexte de l'Halloween.  Rien de très spectaculaire, mais à mettre dans la catégorie "Novelty".

En face 2, on peut entendre la chanson "Bedaine à bedaine". Le texte est à propos d'une fête dans un cimetière. Selon moi, c'est une belle occasion ratée de faire une réponse toute québécoise au "Monster Mash" américain. Après un début parlant de danse avec des squelettes, un géant et un nain; la pièce s'étire rapidement en longueur avec un total avoisinant le 6min et des références politiques aujourd'hui plutôt datés. Le tout avec de longs extraits plus parlés que chantés.
En fait mon collègue Sébastien de Mondo PQ, m'a informé que c'était une version française d'une pièce de 1964 nommée "Back to Back, Belly to Belly" du groupe britannique The Charmer With The Johnny McCleverty Calypso Boys.

Bref, une curiosité tout de même mais surtout pour le monologue Dos à Dos en Face 1.   Joyeux Halloween !

2/01/2016

Claude Léveillée = Message subliminal


Voici une deuxième pièces dans laquelle j'ai découvert un message subliminal (la première étant disponible ici). Il s'agit de l'excellente "Nuit lunaire" de Claude Léveillée paru sur l'album Black Sun (Polydor 1978). L'album est un peu un ovni dans sa carrière. Avec ses arrangements rock progressive, les pièces 100% instrumentales et sa pochette bilingue; venant d'un artiste ayant commencé comme chansonnier, on était en droit de rester surpris.

Toujours est-il qu'à la toute fin de Nuit lunaire (vers 3:05), on entend clairement un message crypté.

Une fois inversé et accéléré de 30%,  voici ce qu'on obtient:

...taillé dans l'or massif... ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues...que reste-t-il de lui

Il s'agit en fait de fragments du célèbre poème d'Émile Nelligan Le vaisseau d'or:

 LE VAISSEAU D'OR / ÉMILE NELLIGAN 1899

Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,
S'étalait à sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,
Et le naufrage horrible inclina sa carène
Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.
Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.
Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ?
Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !


Ce n'était pas la première fois que Léveillée manifestait son admiration pour Nelligan. Dès 1965 il avait adapté en musique un autre de ses poèmes: Soir d'hiver.










Sinon à l'intérieur même de la pochette de Black Sun (album instrumental je le répète), il y avait de brèves citations décrivant chaque pièces. L'une d'elle était d'Émile Nelligan ET était tiré de Le vaisseau d'or; mais étrangement elle n'était pas inclus pour d'écrire Nuit Lunaire.

Bref, une belle petite curiosité pour auditeur averti.


8/26/2015

Le chat de l'arc-en-ciel et autres monologues psychédéliques


Lorsqu'on pensent aux monologues enregistrés sur disque au Québec, la majorité des gens auront probablement en tête ceux à caractères sociaux d'Yvon Deschamps.  Mais parmi tout les disques de "monologues" des années 1960-70, il y a aussi eu un sous-genre peu discuté et digne d'intérêt pour les lecteurs de ce Blog: les monologues psychédéliques.

Selon moi les monologues psychédéliques sont de belles expérimentations d'une autre époque.  Je les décrierais comme un type de création audio fait pour élargir les horizons, dérouter l'auditeur de sa conception traditionnel de la réalité, par des concepts ou des sensations déstabilisantes.

Le plus intéressant du lot est selon moi "Le chat de l'arc-en-ciel" de Normand Gélinas.  Il est le résultat d'une expérience que Gélinas fit. Il s'enregistre lors d'un "trip" d'acide. Par la suite, il transcrit l'audio, retravaille le texte et finalement se réenregistre mais cette fois en studio (avec sons et effets). Le résultat est très imagé. On dirait presque une fable pour enfant.  Avec, par moment, une touche social aussi.
Photo Vedette - Novembre 1970
Normand Gélinas
Dans cet article de Michel Bigue de novembre 1970, Normand Gélinas en discutait "à chaud".  C'est tout de même amusant de voir la rectitude politique de Photo Vedette (même en 1970) où l'on fait l'éloge d'une oeuvre créé sous l'influence... tout en condamnant la drogue.  C'est un tour de force intellectuel ! Merci à mon collègue Sébastien de Mondo PQ pour l'article.

Farce à part, j'ai eu le chance de m'entretenir avec le créateur de ce disque. Il revient sur le processus de création, son message et la réception du disque.  Écoutez mon entrevue avec Normand Gélinas au sujet du Chat de l'arc-en-ciel ci-dessous:


Les voyages de Tortillard /  Danielle Marleau - Peter Sauder / adaptation BD de Chantal Gréverie 1980 dans le magazine"Télé Récré A2". Images tirés du blogue "Le grenier de la télé".

Fait étrange, on peut voir un concept drôlement similaire au "Chat de l'arc-en-ciel" dans une adaptation BD de la série animée québécoise Les voyages de Tortillard (1977).  Dans une courte histoire nommée "Aux pays des chats de couleur", les trois protagonistes se retrouvent sur une île peuplé de chats. Ils assistent à la cérémonie de l'arc-en-ciel où l'on colore les jeunes chats.  Est-ce que le disque de Normand Gélinas aurait pu être une inspiration ?

                                                                 *****

Outre cet incontournable disque, voici cinq autres monologues psychédéliques méritant le détour:


SANS TITRE / Jean-Guy Moreau (1969 - Trans-Canada)
Ce monologue nous paint un portrait dystopique. Il présente un Québec ayant fait l'indépendence mais qui aurait érigé un mur autour de ses frontières et coupé tout contact avec l'extérieur pendant des décennies. Puis, le 8 décembre 1999 les américain test une bombe atomique sur son territoire pensant l'endroit désert.

LE CHAT DE L'ARC-EN-CIEL / Normand Gélinas (1970 - Trans-Canada)
Le plus long et le plus accomplis des monologues psychédéliques fait au Québec.



LA CONFESSION / soeur Charlotte et père Hervé (1973 - Pax)
Un curé se drogue et décrit son "trip" en confession.  Tout le délire est dans la façon de raconter les événements. On utilise beaucoup les inversions d'objet dans la description.




STÉRÉOLOGUE / Caramel Mou (1974 - Deram)
Ce monologue (en stéréo) est intéressant pour ses effets sonores et son accompagnement musical. L'histoire est banale en soit (un homme marche sur le trottoir et se prends le pied sur un morceau de caramel); mais le narration est intense et les effets bien choisis.




LE TEMPS / Roger Gravel (1976 - Airedale)
Ce texte a une touche un peu nouvel âge. Il est également narré par Jean Coutu (comédien). Des percussions qui vous mettrons en transe et des claviers grandioses.




NAISSANCE / Bionic (1977 - Pacha)
Ce monologue laisse aussi une impression nouvel âgeuse. Quoique plus menaçante et futuriste.  Il rappelera peut-être à certain le personnage de Métamorphe dans le livre Les hommes-machines contre Gandahar / Jean-Pierre Andrevon (1969).





Psyquébélique vous offre cette humble compilation de monologues psychédéliques. Je crois avoir recensé ici la quasi totalité des monologues du genre fais au Québec. Si j'en aurais oublié un et que vous auriez une suggestion, faites le savoir dans la section "commentaires".

MP3: Télécharger la compilation

1/01/2015

1969: les débuts Pop de l'Inphonie


En 1969 est arrivé sur la scène musicale québécoise un ovni: L'infonie. C
e groupe dirigé par Walter Boudreau, avait une façon très originale de faire de la Pop.

Beaucoup a été dit et écrit sur ce groupe. Ils ont laissé derrière eux quatre albums (de 1969 à 74), un manifeste (Le manifeste de l'infonie (1970), 
un film (Ô ou l'invisible enfant (1973)), un documentaire à été fait sur eux (L'infonie inachevée (1974)). Raoûl Duguay à fait paraître un livre "L'infonie, le bouttt de touttt" (2000). Le premier et troisième albums ont été réédités en CD sur l'étiquette Mucho Gusto (2000-01)


Bref beaucoup de matière, mais peu a été dit sur comment leur première année d'existence était Pop. Après 1969, Walter Boudreau et l'infonie prendront un virage vers une musique "contemporaine" avec le 2-3 et 4ième album. 

Cet article à simplement pour but d'examiner cette première année: 1969. J'ai interviewer Walter Boudreau pour en savoir d'avantage sur les premiers balbutiements Pop de cet incroyable groupe.



PSYQUÉBÉLIQUE : En 1968 on vous découvre en Quatuor de Jazz (Walter Boudreau + 3 = 4). L'année suivante paraît le premier disque de l’infonie. Est-ce que ces deux projets ce sont chevauché ?
WALTER BOUDREAU : Sans vraiment se chevaucher, l’un (quatuor de jazz) a été rapidement supplanté par l’autre (Infonie).

PSYQ : Comment vous est venue l'idée de former un Quatuor de Free Jazz ?
WB : Mon quatuor n’en était pas vraiment un de Free Jazz, malgré la présence d’improvisations « libres » vraisemblablement influencées par John Coltrane, Ornette Coleman, Eric Dolphy, Archie Shepp et autres solistes avant-gardistes du Jazz de la fin des années 60.


PSYQ : Est-ce que le "Quatuor de Jazz libre du Québec" était une influence ?
WB : Non, mais nous partagions assurément des objectifs similaires.


PSYQ : Qu'est-ce qu'il y avait de similaire entre ces deux groupes ?
WB : Le besoin viscéral d’une expression totalement débridée !


PSYQ : Quel était selon vous la différence majeur entre votre Quatuor et celui du Jazz libre du Québec ?
WB : Je crois que nous étions plus « structurés » (malgré tout…) avec une certaine présence d’éléments plus « traditionnels » dans nos musiques tels la pulsation, les modulations harmoniques et la forme, etc.

PSYQ : Quel genre de relation aviez-vous eu avec le Quatuor de Jazz libre du Québec ?
WB : Très amicales, conviviales sur le plan professionnel et personnel.

PSYQ: Pourquoi retrouve t’on des membres du quatuor de Jazz libre sur le premier enregistrement de l’Infonie (Jean Préfontaine, Yves Charbonneau, Guy Thouin) ? Pourquoi avoir choisi ces trompettiste / contrebassiste / batteur-là en particulier ? 
WB: Tout simplement parce que nous avions déjà commencé à réunir nos forces autour de mon groupe de Jazz et que l’Infonie est le résultat concret de cette "fusion".
 
PSYQ : Quel a été le tout premier enregistrement de l'Infonie ?
WB : « L’Infonie » sur étiquette POLYDOR

PSYQ: Il y a aussi eu un 45t de L’infonie (sur Polydor), est-il sorti avant ou après le LP ?
WB: Ils sont vraisemblablement parus simultanément, si ma mémoire est bonne.

PSYQ : Combien de temps AVANT le disque de Polydor avait commencé les activités de l'infonie ?
WB : Très peu, car mon quatuor de jazz évoluait rapidement avec l’ajout de musiciens ainsi que “d’extras” (dont Raôul [Duguay] n’étant pas le moindre...) et mes concerts devenaient peu à peu des sortes de “happening” mêlant musiques variées, poésie, théâtre et même projections d’images ! 

PSYQ : Comment passe t'on de composition de Jazz débridée (ex: Boulevard Chaumont 1968 / Quatuor jazz) à de la pop électronique (ex: "J'ai perdu 15 cents..." 1969 / L'infonie) ?
WB : Facilement, quand on a l’esprit ouvert…

PSYQ : En 1969, vous avez fait la trame sonore de deux films de Jean-Pierre Lefèbvre: (La chambre Blanche, Q-Bec My Love).
Sur la 45t de "La chambre blanche", L'infonie est écrit avec un "PH" au lieu du "F" habituel, est-ce que c'était l'orthographe d'origine ou une faute de frappe ?
WB : C’était l’orthographe d’origine qui a rapidement été changée par la suite.



PSYQ : Si l'orthographe d'origine était inPHonie (tel qu'écrit sur le 45t "La chambre blanche"); serait-ce possible que ce disque soit paru avant celui sur Polydor ?

WB : Je n’en ai vraiment aucune idée...

PSYQ : Également sur le 45t de "La chambre blanche", Denis Lepage chante sur la pièce "This Ain't No Cinerama Baby" (et non Raôul Duguay), pourquoi cette collaboration ?





Denis Lepage 1969
WB : Denis Lepage était un trompettiste de talent avec qui je collaborais à l’occasion. De plus, il chantait, alors…

PSYQ : Est-ce que Raôul Duguay faisait parti de l'infonie dès le début ? ...  au moment où Denis Lepage chantait (en 1969) par exemple ? Corriger moi si je me trompe mais, ce n'était pas non plus Duguay qui chantait pour la pièce "Viens danser le O.K. là" ? 
WB : Oui, Raôul faisait partie de l’infonie dès les débuts. Or nous n’étions pas “organisés” (Dieu soit loué...) et –question de circonstances- Denis Lepage s’était avéré (outre sa trompette) celui qui a chanté  la toune en studio...

Personne ne “chante “ vraiment dans “Viens danser le O.K. là “, outre Ysengourd Knörh qui vocifère...


Raoul Duguay 1969
PSYQ : Est-ce que la participation de Raôul Duguay s'est plutôt concrétisée à partir du 2ième album ?
WB : Oui, Raôul a été plus “intégré” à la magistrale pièce “Paix” dans le 2e album

PSYQ : Vous avez participé à 3 trames sonores de Jean-Pierre Lefèbvre de 1969-71(La chambre blanche
Q-bec My LoveLes maudits sauvages), comment a commencé cette collaboraton ?
WB : Aux 3 trames sonores mentionnées plus haut, il faut rajouter celle de Ultimatum (1973)

Grand ami de Raôul Duguay (à l’époque...) J.P. Lefebvre était un “fan” de l’Infonie. Nous nous fréquentions “socialement” à l’occasion et c’est à ce moment-là  qu’il m’avait proposé d’écrire la musique pour La chambre blanche

PSYQ : Y a t'il eu un enregistrement vinyle de la trame sonore du Film de Jean-Pierre Levèbvre Q-Bec My Love ?
WB : Pas à ma connaissance

PSYQ : Comment fonctionnait la composition à l'intérieur de l'infonie ? 
WB : Je composais la musique. Au début, il existait un climat de liberté d’intervention des musiciens où l’improvisation tenait une place importante. Par contre, celle-ci s’est  rapidement  estompée au profit d’ une écriture plus “savante” et précise.

PSYQ : Quel(s) groupe(s) local(aux) admiriez-vous à l'époque de l‘Infonie ?
WB : Aucun

PSYQ : Quel(s) groupe(s) étranger admiriez-vous à l'époque de l'Infonie ?
WB : J’aimais bien Emerson, Lake & Palmer ainsi que Zappa, mais sous toutes réserves…

PSYQ: Que vous souvenez-vous du mouvement "Ti-Pop" ?  Est-ce qu’il y avait une volonté de vous inscrire dans ce mouvement avec l’infonie ?
WB: Plusieurs personnalités de mouvements « progressistes » portaient à l’époque un macaron ridiculisant le Premier Ministre Unioniste Maurice Duplessis…(Notre « Staline » Québécois…). 

L’Infonie – quoique sympathique à ce mouvement – ne s’est jamais impliquée politiquement, préférant concentrer ses énergies et talents à la chose « artistique ».

PSYQ : Au tout début de l'Infonie (vers 1969-70) avec le premier album sur Polydor, on retrouve un côté Pop, plus "accessible" qui était moins présent à la fin du groupe en 1974 (ex: J'ai perdu 15 cents..., Viens danser le O.K. là, Q-Bec BBQ, This Ain't No Cinerama Baby). Il y a même eu un 45t ... un single.... pour "Viens danser le OK là". 
L'infonie avait aussi fait partie de la compilation "Les plus grands SUCCÈS canadien-français de Polydor".  Comment expliqueriez-vous la différence d'approche musicale entre le début et la fin du groupe ? Est-ce que le producteur André Perry y était pour quelque chose ?
WB : Non ! Je bougeais très rapidement quant à la direction qu’allait prendre ma carrière de compositeur et cette « aventure » dans le monde de la musique pop tirait naturellement à sa fin puisque je me concentrais de plus en plus sur mes études en musique contemporaine ainsi qu’en direction d’orchestre “sérieuse...”

PSYQ : Quel sont vos souvenirs entourant la composition / enregistrements de la pièce "Q-Bec BBQ", "J'ai perdu 15 cents…" , "This ain't no cinerama" ? 
WB : Rien de spécial… 

PSYQ : et la pièce "Viens danser le O.K. là" ? 
WB : C’est un clin d’œil au groupe afro-américain the Marcels qui avait produit dans les années 60 une série de merveilleuses stupidités musicales nommées « The Night Before », « The Night After », etc., basées sur un ostinato de basse tenu par le pédalier de l’orgue Hammond. Plus près de nous, il y avait – entre autres – des horreurs comme « Manon viens danser le Ska » et autres « tubes » de la sorte. « Viens danser le O.K.-là » est un hommage sincère de ma part à toute cette culture populaire insipide.

PSYQ: Avez-vous gardé des copies de vos trames sonores de cette époque ? Pourquoi ne sont-elles pas disponible à l'achat ? 


La chambre blanche (1969) 
Q-bec My Love (1969) 
Les maudits sauvages (1971
Ultimatum (1973)

WB: Ils ont tout probablement été détruits et je n’en possède pas de copies. 

Je ne sais pas, ça fait tellement longtemps. Il se peut que je considérais ces musiques comme “mineures” (sauf peut-être celle de Ultimatum...) et, ne m’intéressant pas, j’ai jugé qu’elles n’intéresseraient personne...

                                                          ***


En conclusion, permettons-nous d'être en désaccord au sujet du non-intérêt pour ces trames sonores de Walter Boudreau / L'infonie. Vivement une réédition de ces enregistrements s'il existent encore !


Après 1969, l'infonie changera de cap musicalement et enchainera trois albums avant de se dissoudre en 1974. Walter Boudreau quand à lui, aura une carrière de compositeur contemporain remplie d'une soixantaine d'oeuvres. Il sera également directeur artistique de la Société de la musique contemporaire du Québec à partir de 1988 et gagnera multiples honneurs bien mérité. Psyquébélique vous encourage à suivre les activités de Walter Boudreau et de la SMCQ.


Voici en téléchargement les deux premiers 45t de l'infonie (paru 1969) ainsi que la chanson thème du film "Q-bec my Love" (1969):